[TRIGGER WARNING ! Cet article fait mention de suicide et de désir de mort. Si vous n’êtes pas à l’aise avec ces sujets, nous vous conseillons de ne pas lire la suite. Prenez soin de vous.]
Contexte : ce texte a été écrit lors d’une crise particulièrement violente qui m’a empêchée de fermer l’œil de la nuit. Et lorsque l’on ne dort pas, on pense. J’ai finalement assez peu retravaillé ce qui suit, parce que je trouvais que la violence de ce que je peux parfois ressentir ne devait pas être altérée par le moi qui va mieux. Cette violence doit être exprimée, elle existe et je ne suis certainement pas la seule à l’avoir vécue et ressentie. Cette confession est un cri du cœur par rapport à un sentiment que l’on a trop pris l’habitude de réduire au silence.
Les maladies ont à diverses échelles, selon les symptômes et l’intensité de ceux-ci, des conséquences plus ou moins importantes sur le quotidien des personnes concernées.
Je ne suis pas quelqu’un de suicidaire, dans la vie de tous les jours je suis plutôt même quelqu’un qui a un désir furieux de vivre et d’expérimenter de nouvelles choses. Cependant, comme beaucoup de malades je le crois, j’ai déjà eu envie de mourir.
Il y a des jours où les douleurs sont supportables, et d’autres où elles semblent être insoutenables. Ces jours-là, j’ai déjà eu plus d’une fois envie de mourir. Lorsque les douleurs sont si fortes que l’on pense que de toute façon, notre corps ne tiendra pas le choc. Comment un simple corps peut-il endurer autant et pourtant continuer à fonctionner ?
Ces jours-là, où je me retrouve en boule dans mon lit, sur le canapé ou même sur le sol, j’ai simplement envie que la douleur s’arrête, peu importe la façon. J’ai simplement l’impression que je ne réussirai pas à endurer une minute de plus de ce traitement. Avec cela vient parfois le sentiment d’injustice. Pourquoi moi ? La réponse évidente est qu’il n’y en a pas. La maladie n’a pas d’intention, elle est, simplement. Aussi cruel que cela puisse paraître.
Bien que j’essaie de cacher au mieux mon état quand je le peux, mes (très) proches ne sont pas dupes. Une phrase qui m’a marquée et qui résonne en moi est celle que ma femme a prononcé un jour en parlant à ma meilleure amie « j’ai peur de rentrer à la maison un jour et de la retrouver morte ». Même si je ne l’ai pas verbalisé pendant des années, elle a saisie la détresse psychologique dans laquelle pouvaient me mettre certaines crises. Et j’avoue aussi que j’ai peur parfois. Peut-on tenir avec de telles douleurs pendant des décennies ? Rien que cette idée me fait frissonner. Lorsque les douleurs sont au plus bas, je me dis que j’en ai sûrement rajouté et que ça ne devait pas être douloureux à ce point. Puis la crise violente d’après arrive, et je comprends pourquoi la fois d’avant, j’ai voulu que tout s’arrête. Le cerveau se protège tout simplement, en « oubliant » une partie de ce que le corps a pu ressentir au plus haut des douleurs.
Ce désir que tout s’arrête est une douleur supplémentaire, ajoutée à celle physique qui nous empoisonne déjà la vie. Et si, ce jour là, lors de cette crise particulièrement violente, j’avais vraiment fait en sorte que ça s’arrête ? Repenser à ça lorsque les douleurs se sont apaisées me fait toujours frissonner. Je ne veux pas intrinsèquement mourir, mais suis-je vraiment capable de supporter une vie ponctuée de ces douleurs ? Honnêtement, je n’ai pas cette réponse.
L’envie de mourir suite à des douleurs physiques, des maladies, est évidemment intrinsèquement liée au sujet du suicide assisté (AUTRE TERME), bien que sujet éminemment important, il n’en est pas question dans cet article.
4 réponses sur « Ces fois où j’ai voulu mourir »
Ce texte est très touchant et juste.
Je trouve très intéressante la partie sur le fait « d’oublier » comme c’est dur dans les pires moments (pour moi ce sont surtout les crises migraineuses et les états d’épuisement liés à ma maladie neurologique), et de retrouver à quel point c’est dur la fois suivante où on est au plus mal en réalisant « Ah oui, en fait je connais bien, c’est réellement aussi invivable que ça. Comment ai-je pu oublier » ?
Et avec le temps, on finit par se demander : mais comment je ferais pour essayer de vivre ma vie quand ça va « mieux » si je n’oubliais pas un peu cet état de détresse intense, en fait ? Comme tu le dis très justement, c’est un mécanisme de protection.
Merci pour cet article. Et beaucoup de soutien. <3
C’est pour ça que bien que ce soit difficile pour moi, j’ai voulu quand même le publier. Parce que je sais que ça parlera à plus d’un malade, peu importe sa pathologie.
Merci de parler de ton « expérience » aussi 🎈 ne laissons jamais le silence s’installer.
Hello,
Je tombe sur votre site en cherchant « hystérectomie » sur google pour la première fois. Je suis un peu redescendue de mon envie de m’arracher tout l’appareil reproducteur pour avoir la paix.
Je me retrouve dans ce texte, à chaque crise je suis à bout de nerfs, je me suis déjà dit comme toi, que je pourrais pas subir ça ma vie entière c’est impossible, puis ça passe et j’oublie, je me dis que j’en rajoute un peu trop sur l’endométriose (vous savez, cette maladie bénigne?). Là je sors d’une semaine de douleurs inflammatoires reins et vessie, à plus savoir marcher, m’assoir, me relever.. en gros rester allongée et attendre que ça passe, pendant que les gen.te.s de mon âge en bonne santé vont faire la teuf, du sport, des voyages… C’est la troisième fois depuis que je suis dépistée, que je subis une impossibilité totale de me déplacer.
Je suis passée par tous les traitements hormonaux, lutéran, décapeptyl, pillule, le prochain essai c’est le stérilet aux hormones mais lol j’en attends absolument rien si ce n’est de nouveaux problèmes. J’ai arrêté la pilule en septembre parce-que je ne supportais plus et depuis c’est une descente aux enfers, chaque lendemain de période de règles c’est des nouvelles douleurs. J’avais déjà eu mal aux reins mais tout ce qu’on sait me dire c’est que je n’ai pas d’atteinte sur les reins selon mes IRM donc voila on s’en fout. Ma chir spé en endométriose refuse de m’opérer, une 2ème fois, avant que je cite « j’exprime un désir de grossesse » car l’opération endommage les ovaires. Bon j’ai des lésions et des kystes ailleurs et les trompes bouchées mais y a que les ovaires qui comptent apparemment. Et si je veux jamais d’enfants je fais quoi? Mon médecin me dit qu’un.e autre chir pourrait accepter de m’opérer mais que ça pourrait être aussi que pour se faire de l’argent sans que ça me soit forcément bénéfique…………. le milieu médical je ne le supporte plus. Ce qui fait que je traine des pieds pour prendre mes rdv. Je dois faire une IRM depuis Juin mais je suis découragée d’avance. Bon « l’avantage » c’est que quand je fais une grosse crise comme ça, je me force à prendre un rdv, tellement je paranoïe (j’avais jamais eu mal à la vessie donc maintenant j’ai peur d’être atteinte à l’uretère et la vessie)
anywaaay je raconte ma vie, mais tellement cool de tomber sur ce site!! L’endométriose nous dit une chose qu’on peut pas oublier: l’institution médicale c’est pas l’amie des femmes, cis comme trans. Des fois je me dis qu’il faut au moins un cancer mortel pour qu’on s’intéresse à nos douleurs mais je suis même pas sûre en fait?
Aller courage tout le monde
Je suis contente que tu aies pu trouver notre blog, même si je préférerais que tu n’en ai pas besoin. C’est pour ça que le collectif a été créé, pour que d’autres personnes se retrouvent dans nos parcours, et aussi, à notre modeste échelle militer contre ce secteur médical qui bien souvent est plus une source de violences que d’une réelle aide. J’ai lu ton histoire, et je pense qu’on peut toustes s’y retrouver, au moins en partie. N’hésite pas à regarder si d’autres articles pourraient t’intéresser.