Tout d’abord, un point sur les examens qui permettent le diagnostic de l’endométriose. Il y en a deux : l’échographie endo-vaginale et l’IRM pelvienne. Bien sûr, tous les deux doivent être réalisés par des radiologues experts en endométriose.
En préambule, il nous parait indispensable de rappeler que l’échographie endo-vaginale n’est absolument pas obligatoire pour diagnostiquer l’endométriose et rien ne vous y oblige. Si vous ne souhaitez pas cet examen : refusez-le. Si la personne fait pression : partez.
L’acte endo-vaginale n’a rien d’anodin, si vous avez vécu des violences sexuelles, si vous avez des douleurs à la pénétration, si vous avez un nodule dans le vagin ou des douleurs vaginales/vulvaires, cela peut-être traumatisant et/ou très douloureux. Ne laissez pas un praticien vous dire que « vous ne devriez pas avoir mal », vous êtes seule en capacité de dire si ce sera le cas. Cependant, si vous êtes à l’aise avec tout cela, voici quelques détails.
L’échographie endo-vaginale
L’échographie endo-vaginale est différente de l’échographie sus-pubienne. Elle peut-être réalisée en cabinet ou à l’hôpital. Si c’est en cabinet vous pouvez demander à ce qu’unE proche vous accompagne pendant l’examen. L’échographie sus-pubienne est réalisée comme son nom l’indique, sur le pubis. À l’aide d’un gel, la sonde est posée sur le bas-ventre, le radiologue effectue des rotations afin de visualiser au mieux l’utérus, les ovaires, etc. Cela peut appuyer un peu. Dans le cas du diagnostic de l’endométriose, c’est l’autre type d’échographie qui nous intéresse : l’endo-vaginale. Celle-ci est réalisée par voie vaginale avec une sonde qui fait une dizaine de centimètres. Si vous savez que l’examen peut être douloureux : demandez à ce que vous soit prescrite une crème anesthésiante. Au bout de la sonde les capteurs permettent d’obtenir des images de l’utérus, des ovaires.… Vous serez allongée sur une table d’examen, vous gardez votre haut et enlevez le bas et culotte, les pieds dans les étriers possiblement. Vous pouvez tout à fait garder une écharpe sur votre sexe si vous le souhaitez. Le.a radiologue placera un morceau de latex (si vous êtes allergique, signalez-le), qui ressemble tout bonnement à un préservatif, sur la sonde.

source : https://wombwithaviewblog.com/transvaginal-ultrasound/
Si vous le souhaitez, vous pouvez demander à insérer vous-même la sonde ! Le ou la radiologue n’a pas lieu de refuser. Ce sera lui ou elle qui orientera néanmoins la sonde quand celle-ci sera insérée dans le vagin. Si vous ne souhaitez pas faire ce geste, avec une main, le ou la radiologue insérera la sonde. La personne lira les images obtenues sur son écran avec l’autre main et bougera la sonde (petits mouvements latéraux) pour mieux voir. Les mouvements de va et vient (de haut en bas) ne font PAS partie du déroulé normal de cet examen, aussi, il n’y a pas d’insertion de gel par le.a praticien.ne dans le vagin. Le gel est mis par celui-ci au bout de la sonde. Si vous avez mal, si ne vous sentez pas bien, si vous ressentez un quelconque malaise : arrêtez l’examen.
Le ou la radiologue vous donnera “en direct” ses premières constatations, commentera à voix haute, vous pouvez bien sûr poser toutes les questions que vous souhaitez. Vous pouvez demander à regarder les images afin qu’iel vous explique ce qu’iel voit. A la fin de l’examen, vous pourrez vous rhabiller, le ou la radiologue vous donnera un compte-rendu écrit qui rassemblera toutes ses observations.
L’hystérosonographie
Plus rarement, on peut vous faire passez une hystérosonographie. C’est un examen que l’on fait à l’hôpital avec un spécialiste. Il s’agit d’une échographie endo-vaginale pour laquelle on utilise une solution saline qui est injectée dans l’utérus. Cette technique permet de mettre en relief l’utérus pour voir l’endomètre et les trompes de Fallopes afin de détecter d’éventuelles anomalies ou une obstruction de ces dernières.
Le praticien utilise un spéculum pour mettre un mini cathéter qu’il insère par le col de l’utérus afin de remplir la cavité de solution saline pendant qu’il fait l’échographie endo-vaginale. Vous pouvez demander à insérer vous-même la sonde (qui est la même que pour une écho endo-vaginale classique) mais pas le cathéter.
Il est possible de ressentir un malaise et des crampes à cause du cathéter et de l’injection du produit. Ces sensations se dissipent généralement après l’examen. Vous sentirez aussi le liquide passer et couler lorsqu’il sera introduit. Il est un peu froid mais ne provoque pas de douleur.
Le reste se passe exactement comme une échographie endo-vaginale. Vous enlevez seulement le bas et vous pouvez garder un tissu sur le pubis. Vous pouvez également demander du gel anesthésiant si la pénétration vous fait mal.
Le praticien commentera en direct les images qu’il voit, et vous pouvez poser des questions ou arrêter l’examen à tout moment. Une fois fini, on vous fera aller aux toilettes pour évacuer le liquide et vous pourrez vous rhabillez. On vous donnera le compte rendu ainsi que les images de l’examen.
Il peut être utile de prévoir une serviette pour le trajet de retour si tout le liquide n’a pas été évacué !
L’IRM pelvienne
L’IRM pelvienne pour le diagnostic d’endométriose se passe en hôpital ou clinique. Avant l’examen, on peut vous envoyer un questionnaire à remplir afin de connaître vos éventuelles pathologies, si vous êtes porteur d’appareils électronique (Tens, pacemaker…) si vous êtes claustrophobe et vos informations personnelles (âge, poids, taille). L’IRM est une grande machine, qui ressemble à un tunnel, dans lequel vous allez entrer en position allongée, position dans laquelle vous resterez. Il n’y aura pas de manipulations sur votre corps pendant l’examen. Vous ne pourrez pas être accompagnée à ce stade, votre proche devra rester en salle d’attente.
Lorsqu’on vous appellera, on vous demandera si vous n’êtes pas enceinte ou susceptible de l’être (rapport aux rayons de la machine). On vous fera rentrer dans un petit box fermé où on vous demandera de vous déshabiller, vous gardez uniquement votre culotte. On vous demandera d’enlever tout objet métallique, les piercings inclus s’ils sont dans la zone visée. Pensez à préciser aux soignants si vous avez des tatouages sur la zone qui sera analysée par la machine. En effet, l’IRM peut provoquer des brûlures sur la peau tatouée. On vous placera alors une épaisseur supplémentaire sur la peau, ou même une poche de froid.
On vous prêtera une petite blouse (souvent transparente ou ouverte aux fesses) d’hôpital. Si ce n’est pas le cas : réclamez-en une. Ensuite, on vous demandera peut-être d’insérer du gel d’échographie dans le vagin, peut-être dans le vagin et l’anus (plus rare). Nous restons prudentes dans ces informations car s’il semble que les IRM avec injection de gel se généralisent, ce n’est pour autant pas encore systématiquement le cas. De la même manière, si l’injection peut-être demandée dans le vagin, elle est plus rarement accompagnée d’une injection dans l’anus (surtout dans le cas d’une première IRM). Demandez, lorsque vous prenez rendez-vous avec le secrétariat s’il y aura utilisation d’un produit de contraste ou de gel, et pour quelles zones, pour savoir à quoi vous devez vous préparer.
Le gel permet de réaliser une opacification afin de bien baliser les zones explorées. Comment se passe l’injection ? Soit vous serez dans la pièce juste avant celle de l’IRM, la personne tirera alors un rideau autour de vous, soit vous serez déjà dans la salle de l’examen. L’un ou l’autre n’a pas beaucoup d’importance, ce qui en a en revanche, c’est l’absolue intimité dont vous devez bénéficier. Si ce n’est pas le cas : réclamez-la. On va vous fournir une seringue remplie d’un gel épais et transparent, parfaitement inodore ainsi qu’une serviette hygiénique car le produit va, au contact du vagin, se réchauffer, se liquéfier et couler. Ce sont des serviettes assez épaisses et peu confortables, vous pouvez donc en prévision prendre les vôtres. C’est une seringue assez imposante (sans aiguille bien entendu) et la dose de produit l’est aussi. Vous devrez vous l’injectez vous-même. En aucun cas, unE manipulateur/trice fera ce geste pour vous, si c’est le cas, refusez. On va vous mettre en position semi-allongée ou allongée, si vous n’êtes pas à l’aise dans ces positions pour vous injecter le produit, vous pouvez tout à fait rester debout. Une fois laissée seule, respirez un coup. Tout va bien se passer. Par exemple, si vous êtes assise/allongée, les jambes un peu ouvertes, vous allez placer l’embout de la seringue à l’entrée du vagin, exactement comme si vous tentiez de placer un miroir pour voir votre vulve. Vous pouvez insérer l’embout de la seringue sur un petit centimètre à l’entrée du vagin pour être sûre d’être bien en place. En poussant doucement sur le “piston” vous sentirez une petite sensation de froid, c’est le contact du produit sur les parois vaginales. C’est un peu le même geste que pour mettre un tampon avec un applicateur.
Si on vous demande une injection dans l’anus, c’est le même principe que pour celle dans le vagin. Prenez la position dans laquelle vous êtes à l’aise pour le faire (assises, debout, accroupie). Vous aurez la même seringue et la même quantité de gel à insérer que pour le vagin. L’embout de la seringue, même s’il est petit rassurez-vous, peut faire mal lors de l’introduction dans l’anus : vous pouvez faire sortir un peu de gel pour vous en servir de lubrifiant afin de l’insérer plus facilement et sans douleur. Nul besoin de l’enfoncer très loin, un centimètre suffit. Vous n’avez plus qu’à presser le piston pour libérer le gel à l’intérieur. La sensation de froid indique que le produit est bien passé.
Une fois que le produit est inséré, l’examen peut commencer. On vous enlèvera vos lunettes si vous en avez, puis on vous placera sur le ventre/bas du ventre des plaques de métal (c’est pour de meilleures images) : vous sentirez donc un poids à ce niveau tout le long de l’examen. Vous allez rentrer dans tunnel, les pieds d’abord.

source : https://www.youtube.com/watch?v=kH242MFrMoY
Une fois en place dans la machine, si vous basculez la tête légèrement vers l’arrière, vous verrez l’extérieur, le “plafond” du tunnel est à 30 cm au dessus de votre tête. Vous pourrez également voir l’extérieur en regardant le bout de vos pieds. L’IRM se déroule généralement en deux sessions de 10/15 minutes. Cela peut durer de 20 à 40 minutes. On vous donne une petite pompe dans la main gauche, c’est un bouton d’appel. S’il se passe quoique se soit durant l’examen, vous pouvez appeler pour que l’on vous aide. En fait, on vous entend, et on vous parle, vous êtes en lien radio avec la cabine de radiologie dans une autre pièce à côté.
Le bruit d’une IRM peut-être impressionnant : cela ressemble à des bruits de marteau-piqueur, c’est assez fort. Dans la plupart des cas, on vous donne un casque avec de la musique pendant ces séries de bruits. Cela n’empêche pas d’entendre la voix du ou de la radiologue qui vous donne des indications sur le déroulé. On va beaucoup vous demander de ne pas bouger, tentez de respirer le plus tranquillement possible. Si vous avez chaud ou froid, dites-le, ils peuvent moduler la température. Il peut arriver que votre ventre ait trop de spasmes (souvent des gaz), ce qui empêche d’avoir de bonnes images du bassin pelvien. Ainsi pour le calmer, on vous proposera une injection de spasfon en intraveineuse.
A la fin, prenez le temps tranquillement de retrouver la position assise, puis, debout. On vous invite à passer aux toilettes pour notamment évacuer une partie du gel. Si jusque là vous avez gardé la serviette hygiénique fournie par l’hôpital, vous pouvez ainsi mettre la vôtre, restée dans votre “box”. Le produit va continuer de couler un petit moment, ce n’est pas forcément une sensation très agréable. Vous êtes invitée à vous rhabiller, puis à rejoindre la salle d’attente. Le ou la radiologue vous appellera ensuite et vous fera, de visu, le compte-rendu des ses observations. Une fois fait, vous repartez en salle d’attente, puis on vous rappelle une dernière fois pour obtenir le compte-rendu écrit et le CD des images (certains services d’imagerie, notamment à Paris, peuvent vous demander de récupérer le compte-rendu ultérieurement, si vous n’êtes pas de la région, il vous faudra le signaler pour pouvoir repartir avec).
IRM à champs ouverts et champs larges
Il est bon de savoir qu’il existe des IRM à champ ouverts ou larges qui peuvent aider les personnes claustrophobes à passer cet examen plus sereinement. Pour les personnes grosses, il existe des IRM à champs larges. Ces machines sont également idéales pour les personnes handicapées qui ne peuvent pas se coucher complètement. Malheureusement ces types d’IRM sont assez rares mais vous pouvez en trouver la liste sur ce site pour voir s’il y en a près de chez vous.

source : https://www.openmrizen.com/fr/info/quoi-irm-scan-champ-ouvert/
A noter : les délais pour passer une IRM sont parfois très longs (plusieurs mois).
En résumé
Pour l’échographie endo-vaginale et l’hystérosonographie, on peut :
- Insérer seule la sonde
- Demander un gel anesthésiant à mettre avant l’examen
- Refuser les étriers et mettre un châle/écharpe sur son sexe
- Se lever et se casser si on est maltraitées
Pour l’IRM, on peut :
- Demander en avance si utilisation d’un produit de contraste ou de gel et dans quelles zones
- Amener ses propres serviettes hygiéniques (un peu épaisse c’est mieux)
- Faire respecter son droit à l’intimité (ne pas être vue, être couverte)
- Se lever et se casser si on est maltraitées
NB : Il arrive que ces examens ne suffisent pas au diagnostic d’endométriose. Dans une partie des cas, les lésions ne sont pas visibles à l’imagerie. Ce n’est pas parce que les imageries reviennent “négatives” qu’il n’y a rien ! Il faudra alors passer par une cœlioscopie. Il existe d’autres types d’examens pour mesurer les atteintes neuropathiques, digestives et/ou pulmonaires. Nous reviendrons sur ces différents examens dans un second article.
7 réponses sur « Comment se passent les examens qui diagnostiquent l’endométriose ? »
Merci beaucoup pour cet article !
J’ai une interrogation : j’ai été diagnostiquée par IRM pelvienne il y a 3 ans.
Depuis 6 mois, des douleurs récurrentes à la poitrine ont amenées mon médecin a me prescrire un examen pour détecter d’éventuelles lésions thoracique. Or, ma médecin généraliste m’a prescrit un scanner comme examen.
Selon vos ressources, est ce que le scanner permettra de déceler quelque chose ? Elle est très à l’écoute mais pas du tout spécialiste..
Encore merci !
Bonjour ! Merci de votre message et navrée du temps de réponse, nous n’avions pas de retours très clairs à ce sujet. Il nous semble que l’échographie et le scanner thoracique sont en effet tout indiqué pour détecter ce genre de lésions. Ce qui parait essentiel est surtout la personne qui lira vos images et ses compétences en endométriose ! Plein de pensées vers vous pour les examens à venir.
N’hésitez pas à nous faire un petit retour si vous le souhaitez sur cet examen d’ailleurs !
Merci pour toutes ces infos ! J’ai passé ma 1ère IRM la semaine dernière et j’avais heureusement lu cet article avant de m’y rendre. Quelques précisions néanmoins : on m’a demandé de faire un lavement la veille ; et on m’a bel et bien demandé d’insérer du gel dans le vagin (et uniquement là) mais on ne m’a pas fourni de serviette hygiénique… J’avais ramené la mienne sur vos bons conseils, ça m’a sauvé mes fringues !
Merci beaucoup de votre message… Nous sommes heureuses de savoir que ça vous a permis d’anticiper tout ça et vous sentir, ainsi, mieux !! Pour le lavement je peux vous demander s’il y avait suspicion d’atteintes digestives ? Nous en parlons dans le collectif mais il semble pour l’instant que la demande de lavement est assez rare…
Je viens de découvrir votre site avec surprise et grand plaisir de découvrir un contenu féministe autour de l’endométriose.
J’ai eu les larmes aux yeux en lisant cet article : tant de soin à décrire précisément le déroulé des examens, tant de respect et de bienveillance envers les personnes concernées…
J’ai fait 2 échos endo-vaginales pour suspicion d’endométriose (une par une SF qui m’a orientée vers un gynéco qui en a refait une plus précise), la dernière datant d’il y a quelques jours, qui a conclu à une adénomyose, et des endométriomes.
Le gynéco m’a prescrit une IRM, m’a prévenue que j’aurais du gel dans le vagin ainsi que l’anus, ce qui m’a été confirmé par la personne que j’ai eue au téléphone en prenant RV. Je devrais être à jeun 5h avant et me faire un lavement rectal. L’hôpital doit m’envoyer une ordonnance pour la “pipette” que je devrais utiliser pour ça.
A ce jour mes symptômes sont plutôt légers par rapport à d’autres personnes (douleurs aux premiers jours de règles et parfois douleurs aux rapports), il n’y pas d’éléments forts qui suggèrent des atteintes digestives.
J’appréhende évidemment l’examen à cause du lavement et du gel, je ne m’attendais pas à ça pour une IRM (je pensais avoir fait le plus dur en terme d’examens gynéco avec l’hystérographie — pour un parcours de PMA), mais je crois que je préfère faire “la complète” pour savoir à quoi m’en tenir sur la maladie me concernant…
Bonjour,
C’est exactement ce que j’ai pu vivre. Dommage de ne pas vous avoir lu plus tôt.
J’ai aussi eu droit au lavement la veille et le matin de l’IRM. L’examen n’a pas trouvé de lésions. Néanmoins mes douleurs et symptômes persistent avant, pendant et même après les règles. Je suis un peu perdue car serait il possible que cela, malgré, un radiologue spécialiste, soit passé inaperçue ?
De plus, j’ai eu droit aussi au gel à devoir insérer. Le probleme est que dans une pièce sur une chaise sans table d’examen pas simple, je viens même à me demander si j’ai fait ce qu’il fallait et culpabiliser sur la suite du diagnostic.…
Avant cela, j’avais eu une écho endormie vaginale mais que je ne souhaite pas renouveller car la médecin était froide, impatience et m’a fait mal. “Si vous ne vous détendez pas on y arrivera pas, je verrais rien donc respirez ! “. Tout ça pour qu’au final elle me dise j’ai pas pu voir grand chose mais de toute façon il faut faire une IRM pour confirmer ou infirmer l’endométriose… En gros j’ai ” Souffert ” pour rien.