J’ai peur.
Je lis des témoignages et j’ai peur.
« ça a commencé par une immense fatigue » ; « des courbatures dans les jambes, des nausées : c’est comme ça que j’ai su qu’il y avait un problème » ; « la fatigue énorme, je suis en cours de guérison mais je mets toujours 3 heures pour réussir à me lever le matin »
Ces témoignages, on dirait des fragments de mon quotidien. Je trouve ça terrifiant.
Si je tombe malade, est-ce que ces symptômes vont s’ajouter à ceux que j’ai déjà ? en doubler l’intensité, ou encore plus que ça peut-être ? J’ai déjà du mal au quotidien, comment mon corps pourra tenir le coup face à ça ?
Je me sens si fragile, et j’ai peur.
Et face à cette peur, il y a mes proches. Ma famille, avec laquelle je suis confinée, et mes ami-es avec qui j’en parle.
« Mais non, n’aie pas peur. De toute façon, on est solides nous, on ne l’attrapera pas ce virus ! » dixit ma famille quand je leur rappelle de respecter les gestes barrières. C’est bien le moment de se sentir invincible…. « C’est bon, on est jeunes ! Au pire tu te sentiras un peu mal quelques jours ! »
J’ai peur.
J’écoute leurs réactions, et j’ai peur.
Et ma colère grandit, aussi.
Ils ne comprennent donc vraiment pas mon quotidien et ma maladie, pour me dire ça. Je suis jeune, oui. Mais me dire ça pour me rassurer, comme si ça prouvait ma solidité et ma bonne santé…. Ils ont raté un épisode ou quoi ?
Je suis en colère.
Parce qu’une fois de plus ma maladie est invisible, et mes peurs discréditées. Encore une preuve de l’ignorance, et du manque de considération accordée à la santé des autres. De l’égoïsme, de l’absence de toute considération globale, de toute vision politique de cette crise sanitaire.
En colère parce qu’une fois de plus je vois à quel point le monde des valides est éloigné du mien, et que je veux leur crier d’écouter.
Ecoutez les voix qui vous disent la maladie, la faiblesse, la peur. Ecoutez-les et prenez les en compte.