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Journal de bord d’une endométriosique en confinement – Jour 1

Ce matin le réveil est dur. Macron a annoncé le confinement hier soir et mon chat Mozzarella n’a plus de croquettes dans sa gamelle (comme elle se fiche bien du Coronavirus, elle m’a chargée de donner son info importante de la journée dans ce journal de bord. C’est chose faite, revenons à nos virus …)

T. ma grande sœur m’a appelée, tôt, avant d’aller au boulot. Son patron la force à s’y rendre. Elle me demande si je suis prête à faire face au confinement. Je n’ai pas osé lui répondre que ça changeait pas grand-chose à ma vie de malade. Je lui ai donc répondu : « j’ai de la morphine et du thé et que c’est tout ce qui compte »

Ce matin je n’ai pas mal. (L’ancienne) sportive que je suis, en profite donc pour faire une séance de fitness en appart. L’endométriose me le fait payer très vite. Je n’ai toujours pas fait le deuil du sport et de ce corps fort et musclé d’avant.

Ma rue se vide et devient toute silencieuse. Je me dis que je vais peut-être enfin pouvoir faire des siestes dignes de ce nom sans être réveillée par les passant.e.s. Mozzarella est dégoutée de ne plus rien avoir à observer. Sa vie de chat est décidément bien trop dure.

Je fais des plans incroyables à propos de ces prochaines semaines seules chez moi : faire de la pâtisserie, trier mes fringues, apprendre à coudre, lire les livres qu’on m’a prêtée et que j’ai honte d’avoir chez moi depuis des millénaires. Comme si le confinement m’avait soudainement guéri. J’envie l’optimisme des valides qui y voient une opportunité de faire plein de choses. J’aurais été comme ces gens-là il y a quelques années. Bon je vais me fixer qu’un seul objectif : la pâtisserie parce que cuisiner me détend. Mais si je n’y arrive pas, ce sera pas bien grave au fond.

Il y a quelque chose qui change vraiment entre le confinement et ma vie normale. Cette fois mes proches et mes amis sont en grande majorité chez eux et nous nous envoyons donc beaucoup plus de messages. E. mon autre sœur nous conseille des films par mail. B. mon grand frère, d’habitude grand absent de nos échanges familiaux, répond par une blague sur les télétravailleurs. Ces échanges sont rares dans ma famille, où on ne sait pas trop se parler. Mes amis râlent longuement avec moi à propos du gouvernement sur Messenger. Étonnement je me sens moins seule en confinement que quand je suis dans mon lit avec mon endo pendant que les autres travaillent, sortent…. J’espère que ces liens qu’on développe seront durables mais au fond je crains déjà le retour à la normale.

Par parhelie

Parhelie est féministe et sociologue du genre à ses heures perdues. Diagnostiquée à 25 ans, elle souhaite dès lors mettre son militantisme et ses connaissances au service de la lutte pour la reconnaissance de l'endométriose.

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